La délocalisation du siège, une étape supplémentaire vers l’affaiblissement de l’Inrap (DST, 09/12/2009)
Le processus de délocalisation du siège de l’Inrap est donc relancé, dans un contexte pour le moins difficile : une concurrence qui se développe, un financement encore fragile, une transition complexe vers de nouveaux outils de gestion et d’analyse de l’activité.
La première conséquence en sera la déstabilisation des équipes actuellement en place, ce qui affectera forcément l’activité opérationnelle en région. La direction scientifique, encore en construction et dont le démantèlement est ainsi programmé, s’inquiète du devenir de la recherche à l’Inrap :
- D’une part, comment dorénavant envisager les relations avec nos partenaires et nos ministères de tutelle dont les sièges sont tous, naturellement, à Paris :
- le CNRA et le comité national de la recherche scientifique, les instances nationales d’évaluation de la recherche,
- la direction générale des patrimoines de France et la direction générale pour la recherche et l’innovation, nos administrations de tutelle,
- le CNRS et l’IGN… qui comptent parmi nos partenaires privilégiés.
Comment faire vivre à distance ces liens et ces partenariats avec une DST réduite et en reconstruction ?
- D’autre part, comment coordonner et arbitrer l’activité archéologique et maintenir le pilotage de la recherche au sein de l’établissement avec un siège central décentré ? Comment poursuivre, avec une équipe en reconstruction, les actions qui conduisent au partage et à la diffusion des connaissances et des savoir faire auprès de la communauté scientifique ? Comment jouer ce rôle de modérateur entre les acteurs de l’archéologie préventive, avec des services éloignés de fait de leurs tutelles ?
Toutes ces questions reflètent les dangers de la délocalisation pour la politique scientifique de l’Inrap, politique mise en œuvre par l’animation de réseaux de référents et de compétences existants – comme ceux des AST, des assistants techniques, des gestionnaires de documentation, des chercheurs de toutes institutions investis dans les enquêtes nationales et les axes de recherche… – mais également en cours d’élaboration, par exemple, pour la gestion du mobilier, la labellisation des bases de données, le déploiement de systèmes d’information géographique…
Comment maintenir ce mode de fonctionnement, qui se veut réactif et participatif et qui nécessite de fréquentes réunions de travail, au siège comme en région ? L’augmentation substantielle des temps de déplacements, estimés par le ministère de la Culture au double de ce qu’ils sont actuellement, couplée avec un renouvellement forcé des équipes du siège, aura indéniablement des répercussions majeures sur l’avenir de ces actions et plus généralement sur le pilotage de l’institut et la collaboration avec nos partenaires.
Tout semble donc programmé pour que la dilution du service public de l’archéologie, qui impose cohérence, coordination, capitalisation du savoir et de l’expérience ainsi que l’égal traitement des citoyens dans le déroulement et la restitution des activités archéologiques, soit en marche.
Le maintien d’un institut dit national en Ile-de-France n’est pas un caprice de Parisiens, mais une évidence politique, une nécessité structurelle, voire un impératif scientifique.
2001 : l’année de toutes les illusions
2003 : les fouilles sont ouvertes à des opérateurs privés
2006 : une concurrence favorisée par une capacité d’action limitée de l’Inrap
2009 : une concurrence qui s’organise et le siège d’un établissement public national de recherche menacé de délocalisation
2011 : la fin de l’archéologie préventive nationale, « cette belle réussite française » ?
La direction scientifique et technique de l’Inrap
9 décembre 2009